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"The New York Times", Mai 2001

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"New York Timeout", Mai 2001

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"The Wire", Janvier 2001 (R. Young / E. Vermandel)

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"Les Inrockuptibles", numéro des lecteurs, Décembre 2000 (J. Ledru / J. Angles)

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"Magic!", Novembre / Décembre 2000 (J.C. Dastugue / N. Omori)

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"NME", Décembre 2000 (C. McLean)

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On pourrait dire que le quatuor islandais Sigur Rós est un peu bizarre. La preuve: ils viennent d'acheter une piscine couverte vieille de 60 ans près de Reyjavík dont ils veulent faire un studio d'enregistrement pour leurs paysages sonores atmosphériques. Le chanteur et guitariste Jón þór Birgisson joue de la guitare avec un archet de violon. Il chante également dans une langue qu'il a inventée, l'Hopelandish - des sons improvisés pour coller à la musique. "C'est comme un tableau", explique le bassiste Georg Holm, qui nous confirme qu'il est capable d'attraper des poissons avec les dents. "Les gens trouvent leur propre sens dans un tableau et ce qu'ils croient deviner des intentions de l'artiste. C'est une très bonne chose." Ils sont peut-être un peu à part, mais les membres de Sigur Rós ne sont pas des reclus traumatisés par l'art, ni des ascètes tirant de machines une musique futuriste. Sur "Ágætis Byrjun", leur deuxième album, la voix de Birgisson se détache comme un chant de baleine au dessus des vagues de guitare ambiante et des lames de claviers venues des confins de la diaspora post-rock (où ils côtoient les canadiens de Godspeed You Black Emperor! et les écossais de Mogwai). Leur alchimie venue d'ailleurs leur a valu un statut d'artistes cultes en Europe, "Ágætis Byrjun" est resté un an dans les premiers des charts islandais (huit semaines numéro 1), et Radiohead les a choisis comme première partie de leur tournée européenne de l'automne dernier. Après s'être formés en 1994, Sigur Rós a d'abord flirté avec ce que Georg Holm appelle "le rock à la Smashing Pumpkins", avant de découvrir comment un ensemble guitare-claviers-batterie pouvait parler d'autres, et étranges, langues. Le voyage épique de leur premier album, Von, est marqué par des images grandioses et des grondements assourdissants, avant qu'Ágætis Byrjun ne vienne ajouter ses harmonicas, ses cordes, et ne les voit baisser le feedback. Le résultat: un nouveau départ magique pour l'art-rock. "Quelqu'un a écrit que nous étions les 'nerds' les plus populaires d'Islande", raconte Holm. Se sent-il 'nerd' ? "Non, un 'nerd' ne se sent jamais 'nerd'."

"Les Inrockuptibles", Septembre 2000 (J.D. Beauvallet)

La vie en Rós

Enfin distribuée en France, la musique martienne des Islandais de Sigur Rós débarque en force ce mois-ci : avec un album, le somptueux "Ágaetis Byrjun", qui marie en une noce païenne Joy Division et Arvo Pärt, puis avec deux concerts prestigieux en première partie de Radiohead. L'une des dernières raisons de croire en la guitare électrique, mais aussi l'un des grands disques de l'année.


"Une guitare électrique s'est fait renverser par une voiture sur l'autoroute, c'est un crime fédéral, c'est le sens de la vie." C'était il y a plus de vingt ans et les Talking Heads parlaient de cet instrument exactement comme ça. Oui, rien que ça : le sens de la vie.
De Lou Reed à Tom Verlaine, du père au fils Buckley, quelques guitares électriques ont beaucoup compté dans la vie de certains : là où les 6-cordes délimitaient souvent chez les autres un pré carré, un camp de jeunesse, eux lui donnaient des fonctions autrement plus exaltantes : cordes sensibles, cordes à sauter, cordes pour escalader jusqu'aux nuages, cordes pour se balancer. Pourtant, depuis la fin des années 80, hormis quelques flagrantes exceptions (Buckley, Nirvava, Radiohead), nos rapports avec la corde étaient devenus élastiques, la communication souvent rompue : des sagouins avaient alors décidé de confondre cordes et grosses ficelles, l'Angleterre, de parler guitare au passé simplet.

C'est du froid qu'est revenu le grand amour : tout d'abord du Canada, où les trop méconnus Godspeed You Black Emperor! la réinventèrent en arme largement interdite par les conventions de Genève, entre outil de torture et instrument de massage, entre champ de mines et chant de sirène. C'est désormais le quatuor islandais Sigur Rós qui en détient le futur. Joyeuse guitare électrique : ce n'est plus une voiture qui l'a écrasée sur une autoroute, c'est une coulée de lave qui l'a fondue, quelque part entre Kalfafellsstadur et Kirkiubaejarklaustur.
Déformée, sortie des gonds, amnésique : on croit qu'elle a retrouvé la mémoire chez Radiohead, c'est finalement dans la lignée d'Arvo Pärt qu'on la découvre ici, hagarde, rêveuse.

Comme dans tout ce qui compte dans le rock blanc actuel, c'est ici aussi Nirvana qui servit d'introduction au rock, présentant les guitares électriques à une génération entière qui les aurait évidemment ignorées autrement. De Radiohead à Sigur Rós, cette éducation lointaine a inculqué quelques belles notions d'insoumission, toujours au désordre du jour dans la musique de fausse paix de Sigur Rós. Une musique aujourd'hui totalement évadée du rock, ce bac à sable qu'elle a quitté depuis belle lurette pour gambader dans les champs de lave islandais, terres austères mais vivantes, infinies et hantées, l'écorce toujours en chantier.
"Dès que je reviens en Islande après un voyage, je dévore l'air de mon pays, confirme Georg Holm, bassiste fondateur du groupe. Ces paysages, très ouverts et assez dramatiques, ont énormément influencé notre musique. Là-bas, le ciel semble plus vaste, la nature plus extrême. C'est un mélange de dureté et de douceur : douceur de la mousse, qui recouvre tout, dureté de la pierre, qui est juste dessous. Ce qui me sidère, quand je débarque en Angleterre, c'est à quel point la musique, que ce soit le rock ou la techno, est urbaine, frustrée, sans joie. Elle ne donne jamais l'air de prendre le temps de réfléchir et n'offre donc aucune matière à réflexion."

Depuis le "Berlin" de Lou Reed ou le "Closer" de Joy Division, ça ne m'était pas arrivé : j'ai acheté trois copies de Sven-G-Englar, l'impensable sorti par Sigur Rós l'an passé. Au cas où on le perde, on le casse, on se le fasse voler. Depuis ce jour, la chanson est abonnée à toutes mes compilations home-made, histoire de ne jamais avoir à en subir la manque. Sur ces compilations, intraitable, Sven-G-Englar joue des coudes, s'approprie l'espace, repousse les autres chansons en arrière-salle.
C'est, littéralement, la chanson qui jette un froid. Il faut d'ailleurs voir la tête ahurie des amis destinataires des compilations quand on les rassure : non, on n'est pas à nouveau tombé amoureux d'une Islandaise - cette voix qui joue à chat perché est mâle. Un malentendu qui amuse Georg. "récemment, nous avons joué au Japon et le lendemain, un journaliste n'arrêtait pas de me poser des questions sur notre chanteuse. Je lui ai demandé s'il avait vu le concert. Il m'a dit qu'il trouvait que notre chanteuse faisait un peu garçon manqué (rires). Aux Etats-Unis, quand nous avons joué avec Low, leur chanteur nous a dit 'Il faut être un sacré mec pour chanter comme une femme.' C'est devenu notre devise."
Cette voix, c'est sûr, engendre le malaise, de ceux que ne provoquent que les grands groupes incertains, où la voix compte plus que les mots : Cocteau Twins, Radiohead, ou Jeff Buckley sont la famille de Sigur Rós. Il y a de l'eunuque et de l'unique chez Jónsi Birgisson, genre de falsetto incertain capable de plonger en piqué dans la gravité, puis de remonter encore plus haut, là où tous les chants de la terre manquent d'oxygène. Stupéfiant sur scène, où l'on attend, un rien voyeur et gêné, le moment où ce chant inouï va finir par se casser la gueule - en vain -, le malingre Jónsi replie sa carcasse et remballe sa voix dès que la musique se tait. Un ange est passé : hors scène, il est d'une timidité incommodante. Jónsi ne parle pas à la presse - ou alors, la presse devra apprendre à parler islandais. Un silence plus gêné qu'arrogant qu'il partage - outre une voix impensable et un oeil aux volets clos - avec Thom Yorke de Radiohead, fanatique de Sigur Rós - dont l'influence, on en est certain, a pesé lourd dans les choix radicaux du quatrième album du groupe d'Oxford. "Ca serait le plus beau compliment : influencer un groupe qui n'a pas besoin d'influences."

Ce serait Björk, inépuisable passeuse d'idées entre hommes de bonne volonté, qui aurait fait découvrir, à l'occasion de son duo avec Thom Yorke ("I've seen it all", sur "Selmasongs"), la musique de Sigur Rós à Radiohead. Bien lui en a pris : Sigur Rós assurera, fin septembre, les premières parties du groupe à Saint-Denis, dans un duel de la démesure qui s'annonce déjà passionnant. Une raison de plus de célébrer Björk, cette ambassadrice qui, en quelques années, a vigoureusement placé l'Islande sur la carte mondiale du rock - et, désormais, du cinéma. "Le jour où elle a reçu la Palme d'or à Cannes, c'est comme si l'Islande avait gagné la Coupe du monde de football. Pour nous, qui nous intéressons plus à l'art qu'à son commerce, c'est une récompense beaucoup plus prestigieuse qu'un Oscar. Et même si je n'ai jamais aimé les Sugarcubes, je dois leur être reconnaissant d'avoir ouvert les portes et, surtout, financé notre label."
Un label qui, à sa surprise, a réussi à faire de l'album "Ágaetis Byrjun" le carton inattendu de 1999 en Islande, occupant fièrement la tête des charts nationaux, dans lesquels il est aujourd'hui classé depuis soixante-six semaines. Un album ahurissant, martien, qui débarque enfin, en cette fin d'été, en Europe - alors qu'on ne trouvait que difficilement, en import catimini, ses deux prédécesseurs : "Von" et "Von Brigði" (où l'on dénichait un remix des voisins de Gus Gus).
Pour l'accueillir avec les honneurs, on donnera ici deux leçons élémentaires d'islandais : Sigur Rós se prononce si-ur ross, en roulant le "r" jusqu'au crachat. Ca se traduit approximativement par Rose Victoire, prénom de la petite soeur du chanteur Jónsi, née alors que le groupe était lui-même balbutiant. Plus important, "Ágaetis Byrjun" (prononcer ow-guy-tis bi-r-jun) se traduit par "un bon début " ou "un nouveau départ". Ce n'est pas un voeu pieux, tant cette musique, qui évoquerait un Joy Division produit par Arvo Pärt, ne connaît sur terre aucun interlocuteur digne.

D'entrée de jeu, c'est bien sûr cette voix qui terrasse, déstabilise. Une voix qui psalmodie plus qu'elle ne raconte, dont on se dit qu'elle ne peut être que naturelle, née d'un pacte secret avec quelques elfes au pied d'un geyser. Une hypothèse d'un don surhumain vite balayée par le porte-parole Georg, qui se souvient avec horreur des premières répétitions du groupe, il y a six ans. Georg, qui mérite la sympathie depuis que l'on sait que son surnom se traduit en beauté par "lui qui attrape les truites" - une rumeur le dit même capable de les attraper avec les dents. "Jónsi est devenu chanteur par la force des choses, parce qu'aucun autre d'entre nous ne pouvait. Sa voix était atroce au départ, mais il a incroyablement travaillé, notamment sur son falsetto. Très vite, nous avons senti qu'un truc se passait lorsque nous jouions ensemble, un truc énorme, qui nous échappait totalement. C'était un son merveilleux, qui nous rendait ivres de fierté. Quand nous jouons ensemble, nous décollons, nous partons chacun dans notre coin à la dérive, ma tête se remplit d'images : des paysages, le ciel, des histoires d'amour."
Orgue d'église au psychédelisme ogre, guitares en rafales, rythmique martiale : sur scène, le son de Sigur Rós joue avec le feu - des projections de flammes infernales en fond de scène accentuant encore le côté apocalyptique de ce rock essoré, exténué, évidé. La dynamique de ces chansons est proprement sidérante, passant en un coup d'archet (Jónsi joue de la guitare avec un archet) de la paisible plaine de Snaeefellsjökull aux hauteurs volcaniques déchiquetées de Hvannadalshnjúkur. Une capacité à tout emporter rarement croisée ces dernières années - seuls Radiohead, Buckley, Spiritualized ou My Bloody Valentine ayant su répondre aux appels à la désobéissance de leurs guitares.

Ces chansons ne pénètrent la mémoire qu'avec une férocité de bug : pour y détruire toute volonté d'écouter autre chose, pour imposer que l'on se mette au diapason de leur mélancolie, pour que l'on suive sans résistance leur rythme ankylosé. A partir de cette semaine, cette drogue dure est en vente libre en France : on ne répond alors plus du moral des troupes. Dans ces chansons à prodigieuse capacité d'accueil (les larsens dansent nus sous des pluies de cordes), on se rend vite compte que symphonique est un anagramme de siphonné, que le lyrisme devient, lâché dans la nature hostile d'Islande, une bête sauvage.
Car les chansons de Sigur Rós méprisent les règles élémentaires du songwriting, poussant leur dédain des grammaires occidentales jusqu'à inventer non seulement un nouvel idiome musical mais également la langue qui va avec, un espéranto du désespoir, baptisé hopelandic. Comme chez Magma ou les incompréhensibles Cocteau Twins, Sigur Rós préfère donc les sons au sens, rompant net une séculaire tradition islandaise de storytelling. "Quand on écoutait Nirvana, on ne comprenait pas un mot, on y entendait ce qu'on voulait : c'est un peu ça, le hopelandic."
Et quitte à inventer le hopelandic, autant trouver également un nom à ce rock (une coulée de lave qui engloutit des pans entiers de classique, de rock extrême, de psychédélisme et de folklore lunaire) ridiculisant tous les efforts libertaires des matheux du post-rock. Le mot est lâché par Georg sur le site (www.sigur-ros.com) du groupe : Musique. "Nous ne sommes pas un groupe, nous sommes Musique. Nous n'avons pas envie de devenir milliardaires, nous voulons juste changer la musique pour toujours."
A tel point qu'ici une guitare ne sonne jamais comme une guitare, mais comme le vent, la tempête, la bonace ou un tremblement de terre. On connaissait le rock organique : bienvenue au rock tellurique. Une obsession du son vierge qui pousse le groupe à inviter un orchestre philharmonique ou à dénicher, l'après-midi même de son concert, un curieux instrument africain dans une boutique anglaise : entre râteau à feuilles mortes et guimbarde, voilà une nouvelle corde à l'arc de Sigur Rós.

Pourtant, malgré d'évidentes passerelles avec les compositeurs les plus religieux du catalogue néo-classique ECM, Sigur Rós semble tout ignorer de la musique classique contemporaine. Mais certainement pas ses chansons, où l'on entend régulièrement quelques autres compositeurs du Grand Nord, Arvo Pärt, Górecki, Sibelius ou Szymanowski. "Notre but est d'effacer le tableau où se distribuent les étiquettes, de ne laisser qu'un grand tableau blanc avec juste écrit : "Musique". Rien ne me rend plus triste que d'entendre un gamin dire, dans un magasin, "Je n'écouterai pas ça, moi, je n'écoute que du rap." Même si j'adore A Tribe Called Quest, je vénère aussi Leonard Cohen ou du heavy-metal. Je n'ai malheureusement encore jamais rencontré d'autres musiciens ayant cette mission : outrepasser les genres et inventer leur propre syntaxe."
Fatalement, on ne ressort pas indemne d'une rencontre, à 3 ans, avec un album de Leonard Cohen : pour Georg, la mélancolie est ainsi un fidèle premier amour, un refuge confortable décrit par le bassiste dans des termes empruntés à Buckley Senior : "Happy sad" - "Joyeux triste", comme on dit doux-amer ou chaud-froid en cuisine. "Il y a une certaine jouissance dans cette tristesse, quelque chose d'hospitalier. L'Islande est un pays très mélancolique. Surtout quand, en hiver, nous sortons les bougies : la chose la plus mélancolique de la terre. Un espoir un peu dérisoire pour plus de lumière."

L'Islande, 265 000 habitants, possède de très enviables records culturels : 75 % des livres achetés en librairie sont ainsi écrits par des auteurs locaux - on comprend la réticence de Sigur Rós à chanter en anglais. L'île possède également le record mondial du nombre de connectés au Net par habitant. Pas un hasard : boulimique de culture, l'Islandais veut savoir ce qui se trame dans ce monde dont il n'a trop souvent été que le témoin lointain, abandonné sur une île dérivant entre Etats-Unis et Europe - dont il picore aujourd'hui allégrement mais avec discernement les cultures. Cet éloignement a sans doute permis à Sigur Rós de développer ce son unique et d'une richesse insolente, à raison de répétitions quotidiennes entre 1994 et aujourd'hui. "Comme les gens sont très isolés du reste du monde, leur travail est fatalement plus pur, moins influencé par le voisin. Et puis, la notion de carrière ne peut pas entrer en jeu, le marché est réduit. Si nous faisons de la musique, c'est donc uniquement pour des raisons personnelles, artistiques."
C'est ce qui sidère quand on met en parallèle Sigur Rós, Mum ou Gus Gus et leurs équivalents anglais - pour peu qu'une telle chose existe -, l'absence totale d'inhibitions des Islandais vis-à-vis de l'art et de la culture, là où les Anglais forcent grossièrement le trait de l'inculture et du terre à terre, même lorsque, comme Blur, on sent ce masque crétin bien mince et pathétique. Loin d'être considérée comme une maladie honteuse pour un groupe de rock, la culture est même, ici, une préoccupation fondamentale. "Nous sommes plus cultivés, c'est vrai. Pour nous, la musique en tant que telle ne suffit pas… Les Islandais sont obsédés par la peinture, la musique, les films. L'hiver est si long, si lent et si froid que la culture est le seul moyen de s'évader un peu. Quand nous étions gosses, nous dévorions la presse musicale, rien ne faisait plus plaisir que de trouver, dans un bac, un disque à la fois inconnu et formidable. Nous n'avons jamais voulu marcher avec le troupeau."
Problème terrible de l'adolescence dans un pays aussi permissif : où dénicher ses motifs de révolte ? Chez Sigur Rós, on a donc vécu la rébellion par procuration - Nirvana sert de BO -, pestant juste contre l'interdiction faite au moins de 20 ans de toucher à l'alcool. Même le rock, joué chaque soir après l'école, ne suffit pas à exaspérer les parents : eux aussi étaient passés par là. "Mon père, particulièrement, est très fier de notre réussite naissante. Quand il était jeune, il avait voulu tenter le coup dans le rock, mais n'était pas allé plus loin que roadie. Comme le groupe dont il s'occupait n'avait pas un sou, il transportait tout le matériel par les transport en commun. Il fallait que le car s'arrête dix minutes pour qu'il charge, dix minutes pour qu'il décharge. Il m'a dit "Grâce à toi, je vis mon rêve : vivre au coeur de la musique mais sans porter la batterie." Le dernier single du groupe s'appelle Ný Batterí. Soit : une nouvelle batterie. Le papa de Georg peut être fier.