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"Rock & Folk", Janvier 2001 (Basile Farkas)
RF: Cette chanson sur le disque, "Ný Batterí", commence très tranquillement, puis votre batteur se met à marteler ses fûts. Eprouvez-vous parfois le besoin de jouer violemment ?
Georg: Oui, ça arrive. La plupart des chansons progressent si lentement... Il arrive que nous les trouvions frustrantes, d'une certaine manière, alors l'envie nous prend de rosser nos instruments. On le fait, deux ou trois chansons nous le permettent, elles explosent.
RF: Vos textes sont en islandais. On se demande de quoi vous parlez...
Georg: Les textes traitent de (hésitant)... la vie (rires). D'une personne, de son parcours depuis sa naissance. Toutes les paroles racontent une petite histoire sur cette personne, ce qui fait que l'ensemble de l'album parle de la même personne. Mais les mots ne sont pas si importants. Pratiquement aucune des nouvelles chansons n'a de paroles, la voix devient uniquement le cinquième instrument. La plupart des musiciens islandais pensent que leur langue n'est pas musicale. Quand ils vont à l'étranger, ils traduisent les paroles en anglais, ce qui, selon moi, est une erreur.
RF: Prévoyez-vous un jour d'écrire en anglais ?
Georg: Pourquoi pas ? Si le résultat est concluant. S'il ne l'est pas nous nous abstiendrons.
RF: L'islandais ne semble pas être une barrière pour votre public étranger...
Georg: On aimerait que les gens se concentrent sur la musique plutôt que sur les paroles. On considère souvent que le chanteur symbolise un groupe. Nous sommes le groupe, chacun d'entre nous. Si l'un de nous manque à l'appel, nous ne sommes plus rien.
RF: Qu'écoutez-vous en ce moment ?
Georg: Je ne sais pas exactement ce que les autres écoutent. Je sais que notre batteur écoute "Roots" de Sepultura (rires). J'aime beaucoup le dernier album des Flaming Lips, vraiment. Mais mon opinion n'a rien d'exceptionnel, je ne suis qu'un musicien, une personne assez normale.
RF: Björk a écrit les chansons d'une comédie musicale. Avec quel réalisateur aimeriez-vous travailler ?
Georg (rêveur): J'aimerais beaucoup faire quelque chose pour David Lynch.
RF: Vous sentez-vous éloignés du reste de l'Europe ?
Georg: L'islande est éloignée de tout, elle ne s'insère pas dans l'Europe... ni dans l'Amérique. Si je dirigeais l'Islande, je formerais un nouveau continent avec le Groenland et les îles Féroé (rires).
RF: On a souvent écrit que les artistes islandais étaient influencés par le paysage de leur île. S'agit-il d'un stéréotype ?
Georg: C'est en train d'en devenir un. C'est dommage pour nous, par exemple, car la nature est sûrement une influence pour nous.
RF: Vous avez tourné avec Radiohead, vous sentez-vous proche de leur musique et de leur attitude ?
Georg (modeste): Oui, mais je ne crois pas que nos musiques se ressemblent tellement. J'ai l'impression que nous sommes devenus plutôt amis. Colin doit venir nous voir ce soir.
RF: Vous avez sans doute une anecdote à nous raconter, non ?
Georg: Je ne sais pas si j'ai le droit (rires). Une nuit en Hollande, on a tous fait du karaoké, y compris Thom Yorke. C'était très drôle, j'ai pris des photos et je pourrais bien les mettre sur Internet.